Huer le chef de l’Etat le 11 novembre ?

Publié le par Contrerévolution

Que nous en soyons choqués ou ravis, la réalité est là : le Prince qui gouverne la République française, le chef des armées, le Président élu démocratiquement par les citoyens, a été hué au moment des cérémonies de commémoration de la victoire de la Grande Guerre. Quelle que soit notre appréciation, cet épisode doit nous faire réfléchir sur l’avenir qui nous attend, dans un contexte de fortes tensions sociales et communautaires.

 

Un « vivre ensemble » de moins en moins évident

 

Jusqu’à présent, l’hommage à la Nation victorieuse de 1914-1918 était l’occasion d’un rassemblement quasi unanime du pays. Aujourd’hui, un tabou est tombé : ce symbole a été foulé aux pieds. Cet événement en rejoint d’autres, qui lui font écho. Nous pensons bien sûr aux destructions de matériels censés être liés au Bien Commun : les radars qui doivent permettre moins d’accidents, les portiques écotaxes qui doivent alimenter le budget de l’Etat, le harcèlement des ministres par divers groupes (La Manif Pour Tous, etc.).
Le « vivre ensemble », déjà malmené par des communautarismes de plus en plus revendicateurs, devient un « vivre à côté » porteur de dangers… ou d’espoirs, selon le point de vue.

 

Détruire, et après ?

 

Détruire n’est pas illégitime en soi. Les actions citées ci-dessus contribuent à détruire l’« Ordre immoral » actuel, pour reprendre le thème d’un ouvrage récent de Renaissance Catholique. Mais encore ne faut-il pas couper la branche sur laquelle nous sommes assis, surtout si nous n’avons pas de parachute !

Certes, il est peu probable que les lecteurs de Présent, et plus largement le monde catholique, soit réellement partie prenante de la mise en place d’un désordre à grande échelle qui commence à brouiller toutes les cartes du pays. Mais il est probable que nous y participions d’une manière ou d’une autre. Et, dans tous les cas, nous en subirons les conséquences comme les autres. La question se pose donc : la révolte, pourquoi pas, nous la ferons ou nous la subirons… mais après ?

 

S’organiser…

 

Le monde catholique français n’en a vraisemblablement pas conscience, mais il représente encore une force redoutable. Globalement, nous connaissons le terrain (en tant que « souchiens ! ») et ses règles du jeu, nous sommes plutôt travailleurs, plutôt rigoureux, plutôt honnêtes, nous avons des patrimoines très conséquents, et par-dessus tout nous avons en théorie la Foi qui soulève les montagnes et la doctrine qui correspond à la nature humaine !

Alors, que nous manque-t-il ? Il nous manque le second glaive… Dans la doctrine sociale de l’Eglise, le clergé forme un glaive, et le laïcat chrétien forme l’autre. L’Eglise a toujours gardé sa structure hiérarchique, territoriale. Chaque clerc sait à qui il doit obéir ici-bas.

Pour nous autres laïcs, depuis peut-être la nuit du 4 août, et encore plus depuis les journées de Juillet 1830, nous sommes un corps démembré, désarticulé, donc amorphe.

Sans chercher à se hiérarchiser de manière militaire, ne pouvons-nous pas constituer localement un « comité des Sages » chargé d’organiser un minimum les choses ?

 

Aujourd’hui sereinement… ou demain sous la pression !

 

Aujourd’hui, nous vivons encore à peu près correctement. L’eau coule dans les robinets, l’électricité continue à nous abreuver de son énergie, etc. Nous avons encore un peu de temps pour nous organiser un minimum, dans la sérénité.

Demain, qui sait de quoi l’avenir sera fait ? Qui voit d’ailleurs un autre avenir que celui d’une déstructuration de plus en plus marquée de notre société, aboutissant à des affrontements ethniques et/ou communautaires ? Sous la pression, il est toujours beaucoup plus difficile de s’organiser. Et l’expérience a montré en 1940-45 que les réseaux qui ont le mieux tenu étaient ceux constitués de personnes qui se connaissaient avant.

 

Couper la branche, peut-être… mais en ayant un parachute

 

Si les événements se radicalisent encore plus, il faudra survivre. Les moyens modernes actuels peuvent grandement faciliter la tâche. Aujourd’hui, avec un paysan bien équipé, on nourrit 50 à 100 personnes. Il faudra certes reconstituer un cycle agricole, avoir des semences, etc. Mais l’idée générale est là : les outils actuels peuvent permettre de faire (sur)vivre une communauté organisée.

Sans aller jusqu’à la constitution de réservoirs de moyens, il peut être utile dès aujourd’hui de savoir qui possède tels ou tels moyens ou savoir-faire, localement. De même, certaines propriétés peuvent être défendues plus facilement que d’autres, c’est un facteur à connaître et à faire connaître.

 

Lemmings… ou May Flower

 

Par-dessus toutes ces considérations matérielles, la considération centrale reste politique : quel est notre projet de vie ? Depuis la disparition des Institutions médiévales de la Chrétienté occidentale, le laïcat catholique n’a jamais défini les principes d’un programme politique adapté à notre temps. Ainsi, même entre catholiques, il est probable que nous arriverons à nous déchirer par manque d’accord sur un « vivre ensemble » chrétien, si nous n’y réfléchissons pas avant. Nous risquons ainsi de nous enfoncer dans la tourmente tels des lemmings dans l’océan. L’autre solution est de réfléchir dès aujourd’hui à ce que nous voulons concrètement, comme ces pèlerins anglais embarquant sur le May Flower avec un projet de société pour le Nouveau Monde.

 

Le « comité des Sages » évoqué ci-dessus devrait avoir ce rôle également, sous l’éclairage des clercs.

 

A ce prix seulement, mettre en péril l’ordre immoral actuel peut être profitable, en huant le Président, en détruisant les ressources de l’Etat, en minant l’autorité des ministres, etc. Sinon, en plus de l’immoralité actuelle, nous aurons le désordre, qui rendra notre vie quotidienne de plus en plus compliquée, sans aucun gain par ailleurs.

 

 

 

 

Charles.rosiers@gmail.com

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