Le piège du référendum

Publié le par Contrerévolution


Dans les débats actuels concernant le « mariage » homosexuel, la proposition d’un référendum sur le sujet semble un des axes majeurs de notre combat. Cette arme n’est pas à négliger, car elle peut effectivement permettre de gagner la partie sur ce point précis. Mais, comme toute arme liée à la démocratie, elle est à double tranchant, car elle conforte l’idée (fausse) de la souveraineté populaire : « tout » semble alors pouvoir être tranché par la « volonté du peuple », qui devient la référence ultime.

Quels recours face au projet de « mariage » homosexuel ?

Il est clair que nous sommes assez démunis sur le sujet. Nous voudrions lancer des « débats », pour raisonner nos adversaires, qui n’en ont cure.
Le Président Hollande avait clairement annoncé cette mesure dans son programme ; il est logique qu’il veuille l’appliquer, et nous sommes parfois les premiers à dénoncer la distance entre les discours et les actes. Il pourrait donc en toute bonne foi (et il ne s’en prive pas) dire que le peuple a déjà tranché, en l’élisant.
Le raisonnement est certes très schématique : ce n’est pas parce je vote pour Untel que je suis d’accord avec tout son programme. Mais cela signifie quand même que je ne vois rien dans son programme qui soit assez fou ou assez dangereux pour ne pas voter pour lui, ou pour me motiver à lui barrer la route du pouvoir. Or, très clairement, il ne s’est pas trouvé une majorité assez motivée (sur ce point ou sur d’autres) pour lui barrer cette route vers le pouvoir.

La vigueur et l’origine large des oppositions

Cependant, pour cette mesure précise, la vigueur des oppositions en fait un cas particulier, confortée par l’origine très large des critiques, de tous les horizons religieux, politiques, associatifs, civils, etc.
Il serait difficile de nier qu’il s’agit d’un cas à part. Fort de ce constat, nous pourrions en déduire qu’il est probable qu’une majorité du corps électoral est opposée à cette mesure. Et nous réclamons donc de larges débats, et surtout une consultation populaire sur ce cas précis, c’est-à-dire un référendum.

Un référendum est toujours un pari

Supposons qu’un référendum devienne à l’ordre du jour.
L’ennemi est maître dans l’art d’influencer les foules, et il dispose des moyens médiatiques pour cela. Par ailleurs, c’est lui qui pose la question, qui en déterminera les termes. Si la question est « êtes-vous favorable au mariage des homosexuels ? », il est possible que la réponse soit négative. Mais si la question est « accepteriez-vous que les couples homosexuels puissent, comme tout autre couple, bénéficier de l’officialisation de leur amour par le bénéfice du mariage ? », la réponse pourrait être différente. Ou bien « accepteriez-vous de mettre fin à la discrimination dont sont victimes les homosexuels, actuellement interdits de bénéficier de l’officialisation de leur amour, etc. ».
En clair, nous réclamons un référendum, et nous sommes confiants car pour l’instant tous les référendums qui ont eu lieu ailleurs sur le sujet ont permis de bloquer les projets. Mais rien ne dit qu’il en sera de même à chaque fois, et il serait bien pénible de reconnaître au final le verdict de la voix de la « souveraineté populaire » si par malheur elle allait dans le mauvais sens. Nous jouons gros…

Nous confortons la thèse ennemie

Que le référendum ait lieu ou pas, qu’il soit gagné ou perdu, nous confortons dans tous les cas la thèse principale ennemie, à savoir celle de la souveraineté populaire. Nous jouons le jeu de l’ennemi. Nous revendiquons comme arbitre ultime « la voix du peuple », supérieure à la voix de Dieu dans ce qu’Il a créé, ordre naturel et surnaturel.
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Alors, que faire ?

Nous sommes pris au piège de notre appartenance à une société révolutionnaire, aux règles du jeu biaisées.
La seule vraie solution est celle de la « culture de dissidence » chère à notre collègue Rémi Fontaine, et qui fait doucement son chemin dans les esprits.
Si nous ne nous reconnaissions plus membres à part entière de cette « république hexagonale », nous n’aurions plus à redouter de la mettre devant ses contradictions. Pour aller jusqu’au bout du raisonnement, nous serions comme les membres d’une « autre communauté », nous serions « voisins de cette grande communauté hexagonale, imposante et dangereuse », un peu comme les Monégasques, redoutant les mesures révolutionnaires de ce pays voisin et doctrinalement hostile. Notre action serait alors une sorte d’« opération d’influence » contre ce pays, de l’extérieur.
Cette opération d’influence pourrait alors légitimement agiter les leviers et les rouages du pays voisin en question, et l’inciter fortement à utiliser ses propres règles du jeu (qui ne sont pas celles de notre « communauté »), pour essayer d’enrayer le processus de mort.

Cela supposerait que nous nous reconnaissions comme membres d’ « une communauté », qui serait alors l’objet de notre véritable fidélité ultime, alors que notre appartenance citoyenne ne serait plus vue qu’au second rang. Nous serions un peu comme St Paul, qui n’exhibait sa citoyenneté romaine que pour faciliter ses déplacements au sein de l’Empire.

Hors de ce schéma, nous serons toujours les prisonniers des règles du jeu ennemi. Les demandes des maires concernant leur éventuelle future « objection de conscience » sur ce sujet sont explicites : les juges devront-ils demander à être exemptés de prononcer des divorces ? Les policiers à éviter d’arrêter ceux qui étudient de trop près certains épisodes de la Seconde Guerre Mondiale ? Etc. Et ces mêmes maires ont-ils demandé à éviter de (re)marier des divorcés, cause de situations matrimoniales illégitimes donc de « scandales publics » ?

Nous sommes englués dans un pays « hexagonal » qui n’a plus grand-chose à voir avec la France. Il faudra bien le reconnaître un jour.

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