Face à l’ennemi : s’organiser (2/2)

Publié le par Contrerévolution

 

Notre article dans Présent du 2 février dernier proposait des pistes pour « organiser au quotidien, en interne » l’entraide entre familles, afin de se « dégager des marges de manœuvres », en particulier dans le but d’« avoir plus de temps et de moyens pour l’action politique, notamment locale ». En effet, notre manque de temps et de moyens est une des raisons pour lesquelles nous nous investissons peu dans l’action politique, laissant le champ libre à l’ennemi, qui attaque aujourd’hui sur tous les fronts.

 

Pour une « culture du succès » locale

 

Nos actions politiques nationales nous conduisent souvent à l’échec, source de découragement : difficile de faire obstacle aux mauvaises lois, difficile d’avoir une influence à l’échelle du pays.

En revanche, nous avons beaucoup d’exemples d’actions locales couronnées de succès : barrage aux constructions de mosquées, aux initiatives révolutionnaires ou christianophes, etc. Présent, le site internet Le Salon Beige, et d’autres ! se font régulièrement l’écho de ces succès encourageants et mobilisateurs.

 

Une forte pression peut être mise sur le « responsable » local

 

Les raisons de ces succès sont sans doute multiples. Nous n’en citerons qu’une : le responsable d’une mauvaise initiative est sur place, au milieu de nous, et non pas un ministre ou un Président hors de portée. Nous pouvons aller voir un Maire, un responsable politique local, un gérant de magasin : il est très probable que nous serons reçus à bon niveau. Si besoin, nous pouvons tracter devant ses locaux, créer un petit scandale local, et en quelque sorte le « harceler », car le territoire de chasse est de taille raisonnable ! Plus encore, il est possible de contacter un « ami d’enfance du Maire » ou autre « proche collaborateur », à qui nous pouvons demander de faire passer un message.

Il est donc fréquent qu’un arrangement finisse par être trouvé, surtout si le sujet est un véritable scandale qui heurte le bon sens.

Au fin fond des ors parisiens de la République, un homme politique peut défier le bon sens, il est loin de tout et protégé. Au contraire, dans les communes de taille raisonnables, un responsable local est beaucoup plus exposé et fragile.

 

S’organiser socialement pour recréer les marges de manœuvre politique

 

L’article du 2 février donnait des pistes pour organiser et simplifier la vie quotidienne. Une partie des « marges de manœuvre » ainsi créées pourra être utilisée par chacun justement pour cette action politique locale, de sa propre initiative.

 

« Service politique » contre « service social »

 

Notre propos cherche même à aller plus loin. Certes, l’initiative personnelle est irremplaçable, mais elle a également ses limites.

Le « groupe local d’anciens » évoqué dans le premier article pourrait demander (exiger ?) un service « politique » comme contrepartie de tel service « social » : nous vous trouvons du travail, mais vous venez tracter un samedi par mois pendant un an pour telle cause.

Cette idée peut heurter notre habitude de ne s’appuyer que sur la « bonne volonté », et il est même possible qu’elle soit contreproductive. Nous prétendons qu’elle mérite d’être essayée, localement, pour en étudier concrètement les conséquences.

 

S’arranger… est-ce trahir ?

 

Allons encore plus loin. La vie politique locale est faite de petits arrangements… Par exemple, à tel endroit, nous savons que notre école n’est pas exactement aux normes… et nous savons d’autre part que nous pourrions mener une action contre telle initiative du maire… Est-il illégitime que l’un d’entre nous, porte-parole officieux, glisse un mot dans l’oreille du maire, pour établir un modus vivendi ponctuel : tu ne nous embêtes pas pour l’école, nous ne t’embêtons pas pour ce projet… !?

Il s’agit de cette façon d’établir et de protéger une certaine « objection de conscience collective locale », protégée et reconnue. On n’a rien sans rien : il faudra bien une monnaie d’échange, qui pourrait même aller jusque : ayons un accord informel de non-agression, et nous t’assurons de 200 voix pour ta prochaine réélection…

Les esprits ardents vont s’insurger de ces propos libéralistes, clientélistes et presque communautaristes, et ils ont peut-être raison. Ils n’auront pas les mains sales, mais auront-ils des mains ? Où finit le compromis, et où commence la compromission ? A plus grande échelle, de François 1er à Louis XVI, tous nos rois ont joué plus ou moins ce refrain complaisant avec l’Empire Ottoman… Massu nous a bien arrangés en 1968 en échangeant avec De Gaulle la fidélité de l’armée contre l’amnistie de putschistes d’Alger… A chacun de voir ce que « nous » pourrions proposer à tel ou tel candidat local ou national, en échange de nos votes !

 

Les limites de l’exercice

 

L’action locale est importante, car c’est le cadre de notre vie quotidienne. Mais elle ne permet pas d’infléchir la vie politique « officielle », celle qui donne les grandes orientations et vote les lois. Il ne faut donc pas espérer redresser le pays par ce biais-là, par exemple changer la loi sur l’avortement. En revanche, il n’est pas exclu de raisonner tel « médecin-avorteur » local pour lui montrer le droit chemin. Aux Etats-Unis, plusieurs centres d’avortements ont été fermés par ce canal local.

 

 

Le combat à l’échelle nationale reste évidemment primordial comme l’actualité brûlante nous le montre. Il correspond au si juste « politique d’abord » de notre regretté Maurras. Il faut garder cette préoccupation en tête et continuer ce combat. Mais ce niveau est très largement soumis à la règle majoritaire d’où il est extrêmement difficile d’extraire un bien durable.

Ne négligeons donc pas l’échelon politique local, plus propice aux actions de bon sens même minoritaires, où nous pouvons obtenir des résultats concrets intéressants. Une plus grande organisation sociale de nos forces contribuerait à nous en donner les moyens.

Il semble que nous avons un potentiel largement inexploité dans ce domaine.

 

 

Charles Rosiers, charles.rosiers@gmail.com

 

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