De l’efficience en politique

Publié le par Contrerévolution

Le thème de la récente Marche pour la Vie de janvier était « Je marche et je vote pour la Vie ». Thème intéressant, dont les deux volets nous renvoient à des discussions de fond qui ont largement animé le paysage contrerévolutionnaire (et ce n’est pas fini !) : quelle est l’utilité de ce que nous faisons ? Utilité d’une telle marche ? D’un vote ?
En pareille matière, la notion d’efficience apporte un éclairage intéressant. Ce mot barbare signifie simplement : quelle efficacité pour quel coût ? Les moyens contrerévolutionnaires étant limités, il est logique de vouloir de les utiliser à bon escient.

L’utilité de ce que nous faisons

Il serait trop facile de dire que tout ce que nous faisons ne sert à rien. Certes, la décadence continue, nous le voyons tous les jours : le courant révolutionnaire institutionnel emporte tout sur son passage. D’un point de vue général, nous allons de défaites en défaites.
Cependant, nous devons aussi considérer deux points. Tout d’abord, cette chute est sans doute ralentie par nos efforts. Ce n’est pas négligeable. Tant que le Pouvoir ne nous empêche pas de remplir nos devoirs d’état essentiels, nous pouvons continuer à éduquer nos enfants, à bénéficier des Sacrements, à lire de bons ouvrages, etc. Certes, ceci n’a guère d’influence sur la société, et reste au niveau familial, au mieux au niveau « micro-chrétienté » ; mais cela représente pour chacun de nous une bonne partie de notre vie et de nos préoccupations. Il est probable que, si nous étions totalement invisibles, la chute serait plus rapide, et nous aurions beaucoup plus de mal à vivre au jour le jour et à remplir nos devoirs fondamentaux et immédiats.
Ensuite, même si les Institutions ne sont pas améliorées par nos actions, ces dernières permettent à des personnes de réfléchir, de voir qu’une autre voie est possible, et donc de se convertir au sens social comme au sens religieux. Cela ne changera rien à la masse donc aux votes, mais cette Lumière apportée à des âmes assoiffées ne peut pas être tenue pour nulle.

Le coût de ce que nous faisons

Les moyens mis en œuvre pour une action pourraient servir pour une autre action. Par exemple, la tentation est forte de se demander : avec le budget et l’énergie dépensés pour cette Marche, combien d’écoles aurions-nous pu ouvrir ? Certes. Mais ouvrir une école n’a pas le même rayonnement médiatique. Et les fronts à tenir ou à reconquérir sont nombreux, car l’ennemi attaque partout à la fois. Réagir sur de nombreux fronts est une nécessité.
De même, participer à des élections pour être élu peut coûter cher. Un candidat doit dépenser des sommes astronomiques pour que son message soit connu. Le Parti Solidarité France en est un bon exemple. Est-ce utile ? Nous posons la question sans y répondre : difficile de savoir l’efficience d’une telle démarche électoraliste. Porter un témoignage est en soi utile. Les moyens pourraient ils être mieux employés ailleurs ? Difficile de juger.

Des deux points ci-dessus, nous pouvons en déduire qu’une action est raisonnablement efficiente quand elle peut avoir une utilité et qu’elle a un coût faible. 

L’efficience raisonnable de certaines actions – Marcher – Voter

Continuons avec nos deux exemples de la Marche et du vote.
Pour un Francilien, venir à la Marche ne représente pas un coût important. En moralisant un peu, nous pourrions dire que tous les Franciliens ou presque auraient dû venir. Il est important également qu’il y ait des délégations de province, voire de l’étranger, car cela permet d’afficher une mobilisation nationale (voire internationale), de sensibiliser de nombreux évêques provinciaux, etc. Pour ce que nous en avons vu, la Marche a globalement respecté cela : une forte mobilisation parisienne, des délégations plus ou moins symboliques des provinces. Le coût est donc minimisé, et l’impact plus efficace (ou plutôt efficient !).
La question du vote est également intéressante. Certes, il est très difficile de présenter un candidat, donc notre propos n’est pas d’essayer d’appuyer ni de susciter un « Parti catholique » dont le seul slogan serait « Chrétienté ! ». En revanche, aller voter ne coûte quasiment rien. Il est vrai que chaque vote a une influence quasi nulle. Mais il nous semble scandaleux de perdre une occasion de ralentir « un peu » la chute, alors que cela ne coûte rien. La démobilisation des catholiques vis-à-vis du vote est un désastre. Nous ne sommes pas démocrates, c’est vrai, il serait incohérent de l’être. Mais cela ne nous empêche pas d’utiliser un moyen qui n’est pas en soi illégitime, le vote. Cela ne coûte rien et peut avoir une influence : ne pas le faire est une faute. Quant à la question  « pour qui voter ? », nous avons le critère des « points non négociables » qui peut nous éclairer : plusieurs solutions sont possibles de « moindre mal », même si aucune n’est pleinement satisfaisante. 
Dans le même esprit, rappelons notre article récent à propos de l’utilisation de nos impôts sur le revenu : pour un coût qui peut être supportable, l’efficacité est extraordinairement importante : n’est-ce pas une faute si je ne dirige pas mon impôt vers les bonnes œuvres ?


Le moyen le moins cher et le plus efficace

Nous ne pouvons pas terminer sans évoquer la prière, action efficiente par excellence, car sans coût mesurable. Mais la prière ne remplace pas l’action, la prière porte l’action, et l’épopée de Jehanne nous le rappelle avec acuité en cette année de jubilé.
Il faut donc prier, et agir. Remplir à ras bord les jarres, avec l’eau sale de nos vies imparfaites, pour le Bon Dieu la transforme en vin de fête !

 

charles.rosiers@gmail.com

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