Devise républicaine : FRATERNITE
Passons en revue la devise républicaine. Considérons ici la FRATERNITE.
1/ Deux types de « fraternité »
Il existe deux types de fraternité : une fraternité révolutionnaire théorique, universelle, diffuse ; et une fraternité identifiée, ciblée, hiérarchique.
La fraternité révolutionnaire rejoint l’idéologie des droits de l’homme. Je suis le frère de tout homme, j’ai les mêmes devoirs envers tout homme. Je dois assister mon frère situé à l’autre bout de la planète. Résultat, je me sens responsable des malheurs du monde entier, j’envoie un chèque pour me donner bonne conscience, j’évite de savoir quelle sera l’utilisation précise de mon don, et j’ignore totalement la misère de mon voisin de palier.
La véritable fraternité est hiérarchique. Elle est liée à la notion de « devoir d’état ». Mon énergie doit d’abord servir à moi (ma sanctification), à ma famille (devoir d’état familial), à mon travail (devoir d’état professionnel), à mon entourage, etc. Je peux alors, et même je dois, veiller à ce que mon action soit dirigée vers le Bien, car ce que je fais engage ma responsabilité.
En termes religieux, la fraternité rejoint la notion de « prochain », donc de « proximité ». Par ailleurs, la charité doit même être faite au nom du Bon Dieu pour être méritoire. La raison en est que l’aide matérielle n’a de sens que si elle a pour but la conversion. Sinon, nous ne sommes que des « timbales qui résonnent ».
2/ La fraternité révolutionnaire : une arme contre le devoir d’état
La fraternité révolutionnaire mine le devoir d’état. Quand j’ai donné mon argent pour telle cause très lointaine, je me sens justifié, plein de bonne conscience. Je pense avoir fait « mon devoir », de manière suffisante. Inutile désormais de s’occuper de cas plus proches, plus concrets, plus contraignants. J’ai fait ma part.
3/ Comment s’en sortir ?
Dans le sens usuel, le terme « charité » est bien adapté. Plutôt que de « faire preuve de fraternité » théorique, mieux vaut « exercer la charité à l’égard de son prochain ».