Chrétienté : quels scénarii possibles pour aller dans cette direction ?

Publié le par Contrerévolution

Nous poursuivons ici notre réflexion engagée sur les conditions nécessaires à l’établissement d’une Chrétienté. Nous avons déjà vu les difficultés d’ordre théorique : nous ne voulons ni répandre le sang, ni assumer même temporairement la responsabilité d’un pouvoir sur un pays ayant des lois profondément mauvaises.

 

 

Faisons provisoirement fi de ces réticences, pour considérer à la lumière de l’histoire et de notre imagination comment un changement de civilisation pourrait concrètement être possible.

Considérons tout d’abord trois scénarii « rassurants ».

 

Scenario « démocratique »

 

Ce scénario se présente simplement : pour une raison quelconque, le peuple vote majoritairement pour des candidats contrerévolutionnaires. Tout à fait légalement, respectant les institutions actuelles, ce nouveau pouvoir change la Constitution (il lui faut donc les 2/3 du Parlement). Il abroge toutes les lois mauvaises et met en place de bonnes lois. Il rétablit les finances et la confiance. Ces hommes politiques se font réélire régulièrement, ad vitam aeternam.  

La raison de ce vote peut être par exemple que les gens massivement se sont convertis, ou ont réfléchi, notamment grâce à la brèche réalisée dans le mur de la tyrannie médiatique par les nouveaux médias.

Ce scénario est proche de ce que vit la Hongrie depuis sa sortie du communisme.

 

Scenario « providentiel »

 

Pour ce scénario, dans Sa divine Sagesse, le Bon Dieu permet qu’une proportion importante du personnel politique en place se convertit. La suite est globalement la même que ci-dessus, à la différence près que ce nouveau personnel politique doit réussir à « faire passer le message » au peuple pour que celui-ci le reconduise dans ses fonctions.

Nous ne connaissons pas d’exemple de tel scénario.  

 

Scénario « divine surprise »

 

Suite à un événement très grave, le consensus populaire se porte sur un homme qui, bénéficiant de ces circonstances et porté par les acclamations unanimes, arrive à mettre en place de bonnes Institutions. Quand la situation est rétablie, par reconnaissance envers cet homme et par la compréhension de ce qui est bien pour lui, le peuple réélit régulièrement de bons politiciens.

Les événements pouvant provoquer ce scénario peuvent être une défaite militaire (l’exemple le plus connu est celui du Maréchal en juin 1940), une catastrophe économique, une épidémie, etc.

 

Dans les scénarii supra, nous avons supposé que le cadre général restait celui de la démocratie au sens de la souveraineté populaire. Dans ce cadre, même un changement de Constitution impliquant une limitation de cette souveraineté populaire pourrait lui-même être remis en cause par cette même souveraineté populaire via le suffrage universel.   

Il est également possible d’imaginer que le pouvoir contrerévolutionnaire chercherait à sortir de ce cadre, et que le changement institutionnel soit garanti non par le vote mais par la force, sortant ainsi du cadre de la démocratie moderne.    

 

Les scénarii qui suivent s’inscrivent directement dans une logique de rupture avec le cadre institutionnel démocratique actuel. Décrire de tels scénarii ne signifie évidemment pas les approuver : nous avons bien dit en introduction que le chrétien n’est par essence pas un sanguin. Ces descriptions visent à faire réfléchir le lecteur les conséquences de ce qu’il dit parfois sans trop y réfléchir concernant cette notion de Chrétienté.  

 

Scénario « prise de pouvoir par la force »

 

Que dire sur ce scénario qui ne soit pas évident ? Se constituant en une force armée, des contrerévolutionnaires chercheraient à prendre le pouvoir et à s’y maintenir, quel que soit la violence à exercer pour cela. Le degré de violence à exercer serait inversement proportionnel au rejet du modèle contrerévolutionnaire par la population. Dans l’état actuel des choses, cela signifierait un grand bain de sang.  

Nous ne trouvons pas d’exemple d’un tel scénario.

 

Scenario « réaction armée face à une oppression »

 

Ce scénario est assez similaire au précédent, à l’exception notable que ce ne sont pas les contrerévolutionnaires qui commencent les hostilités. Les exemples sont nombreux, depuis les Vendéens de 1793, les Cristeros du Mexique dans les années 1930, Franco en Espagne et Pinochet au Chili face à la montée en puissance du communisme.

Cette réaction peut déboucher sur une partition du pays, les Chrétiens devenant indépendants, comme au Sud-Soudan par exemple, et libre à eux de se doter d’institutions contrerévolutionnaires. C’est également ce que cherchent à faire peu ou prou les Karens.  

 

Scenario « pouvoir imposé par l’extérieur »

 

Ici, après une défaire militaire (ou un diktat économique ?), un pouvoir extérieur impose un gouvernement. Cela se faisait régulièrement dans les temps anciens, comme lorsque Napoléon imposait sa famille ou ses maréchaux, ou bien après la guerre de Succession d’Espagne, ou encore Maximilien au Mexique.

En France, nous pourrions considérer que le retour de Louis XVIII est à mi-chemin entre ce scénario et celui de la « divine surprise ». 

 

Scénarii « coptes » et « francs »

 

Dans un article déjà ancien, nous avions illustré notre propos par un scénario un peu surprenant : pour fuir les persécutions, quelques millions de Coptes quittaient l’Egypte, venaient envahir notre pays et y instaurer une Chrétienté.

Une variante consiste à remplacer l’arrivée des coptes (chrétiens) par celle d’une autre population non chrétienne, qui prend le pouvoir en France, puis se convertit, transformant ainsi leur pouvoir barbare par une Chrétienté, comme ce fut le cas avec les Francs.

Ce scénario offre l’intérêt un peu « lâche » que le sang versé pour la mise en place de ce pouvoir ne se fait pas au nom du Christ, puisque la conversion a lieu après la prise de pouvoir…

           

Scénario « écroulement total »

 

Nous nous situons dans le cas où tout s’écroule, où plus rien de fonctionne : les institutions, l’économie, la sécurité, etc. Les Etats s’effondrent. Aucune force ne maintient plus l’ensemble. Nous rejoignons en partie ce que nous avons dit pour la « divine surprise », excepté que les anciennes références sont balayées : nations, frontières, institutions, etc. Chacun se regroupe au sein de « communautés » de son choix, lesquelles se dotent d’institutions comme elles l’entendent, en contrôlant un territoire correspondant à leur nombre et à leur force.

Nous retrouvons ici la situation de la fin de l’Empire Romain par exemple, ou de certains Etats comme la Somalie ou l’Afghanistan dans lesquels le chaos est tel que le pouvoir central ne contrôle qu’une portion minime du territoire. Le livre « La Toussaint Blanche » décrivait un scénario de ce type.

 


Scénario « communautaire »

 

Dans une vision assez anglo-saxonne de la société, ce scénario verrait la mise en place d’un puissant communautarisme, où l’Etat lui-même permettrait voire inviterait chaque communauté à s’organiser en interne. L’Etat ne serait présent que pour assurer un « vivre ensemble » avec des règles minimales.

Les Etats-Unis sont un peu sur ce modèle, donnant une grande autonomie de vie à diverses communautés : Amérindiens, Amish, Mormons, etc. Dans ce scénario, l’entité « chrétienté » n’est pas souveraine : elle dépend d’une autorité politique qui lui délègue une partie des pouvoirs.

 

 

D’autres scénarii sont certainement possibles ou imaginables, nous prions le lecteur de nous en faire part si possible. Chacun pourra y puiser des éléments pour sa réflexion, sachant qu’il manque un élément que nous devrons également étudier : quel est le sens que chacun d’entre nous met derrière le terme « chrétienté » ?

 

 

 

Publié dans article de fond

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